Pompiers au XVIIIè siècle
Les
incendies dans les villes étaient ravageurs au XVIIIè siècle et
même avant. Les “pompiers” à Sisteron étaient des "bénévoles"
commis d'office, c'est à dire pas payés mais devant éteindre les
incendies. Au mois d'août 1766 deux incendies marquent un tournant
dans le “bénévolat” des pompiers. Voici une délibération du
conseil municipal de l'époque.
Extrait
de deliberation du conseil ordinaire de la Communauté de Sisteron au
sujet des maçons et menuisiers qui doivent servir lors des incendies
et exploit de signification desdits maçon et menuisiers des 15 aout
1766 le 27 dudit
Du
quinze Aoust mil sept cens soixante six apres midy a Sisteron dans
L'hotel de ville Le Conseil ordinaire de la Communauté de lad ville
a eté assemblé a la maniere accoutumée auquel ont eté presents
Monsieur Me Henry Dicaudy advocat en parement, Sr Joseph Dellegrin
bourgeois et Sr Athanaze Curnier marchand, Maire Consuls Lieutenants
generaux de police de la Communautté assister des Sieurs Deputes et
auditeurs des Comptes de la Communautté Soussigner
Auquel
Conseil il a eté representé par led Me Dicaudy premier Consul que
pendant le cours de cette semaine il y a eu deux incendies dans la
ville, qu'il s'est apercu avec regret que tant les Maçons que les
Menuisiers ne s'étoient point presenter pour donner du secours,
ainsy qu'ils y sont obliger par les regelements de la police ; que si
d'un cot il n'est pas necessaire que touts les Maçons et Menuisiers
de la ville marchent et se derrangent pour eteindre un simple feu de
cheminée, il seroit d'un autre coté tres dangereux dans certains
cas, qu'il ne s'en presentent aucun pour empecher les progres du feu,
qu'il semble que pour eviter ces deux inconvenients, et pour assurer
un prompt secours sans confusion et a moins de depense il
conviendroit de faire six classes des Maçons et des Menuisiers de la
ville ; de composer chaque classe de trois Maçons, et d'un
Menuisier, de faire servir chaque classe pendant deux mois, qu'il est
juste de faire payer les quatre ouvriers, lorsqu'ils auront travaillé
pour eteindre le feu suivant le travail qu'ils auront fait, et de
condamner a douze livres d'amende, et a la prison ceux des ouvriers,
qui étant de service auroient manqué de marcher pour eteindre le
feu, ou y envoyer un autre ouvrier a leur place, qu'il est persuadé
que cet arrangement produira un bon effet, Il a encore observé que
supposé qu'il arrivat quelque incendies qui demandat du secours de
touts les Maçons et Menuisiers de la ville, il faudrait dans ce cas
la, que l'on fit sonner la cloche de la petite horloge, et que touts
lesd ouvriers ne manquassent pas de se rendre a l'endroit ou seroit
le feu en les payants, comme il est dit cy dessus a peine contre les
contrevenants de douze livres d'amende et d'etre emprisonner
requerant le conseil d'y deliberer.
Sur
laquelle proposition il a eté unanimement deliberé que les Maçons
et les Menuisiers de la ville inscrits dans un tableau qui a eté
dressé a ce sujet, lequel sera insérer a la suite de la presente
deliberation, sont tenus et obliges de servir deux mois de chaque
année, de se rendre dans les maisons, et autres endroits de la ville
lors du feu et incendie au son des cloches, et dans les cas
d'absence, ou de maladie de la part des ouvriers de service ou de
toute autre raison, iceux des ouvriers seront obliger d'envoyer un
autre ouvrier a leur place, a peine de douze livres d'amende, et
d'etre emprisonné, et le cas arrivant ou le feu, incendie sont assez
considerable, des que les Maçons et Menuisiers de la ville
entendront le son de la cloche de la petite horloge de la place, au
son dicelle touts les Maçons et Menuisiers de la ville sans nulle
exception se rendront a l'endroit incendié, touts lesquels ouvriers
dans touts les cas cy dessus exprimer seront payer a proportion du
travail qu'ils auront fait, et du temps qu'ils auront employé pour
l'extinction du feu ou incendie a peine contre chaque contrevenant a
la presente deliberation de police, de douze livres d'amende et
d'etre emprisonné pour cause de desobeissance, ainsy que dessus a
eté deliberé dans l'Hôtel de ville à Sisteron le susd jour et an,
et ont signé Dicaudy, Curnier, Vincens deputé, Maurice deputé et
Pellegrin consul et Danoux greffier
Extrait
des Registres de la Communauté de Sisteron et collationné sur
l'orginal par nous greffier soussigné Danoux
Tableau
des Maçons et Menuisiers de Sisteron.
Maçons
Jean
Pierre Richaud, Jacques Richaud son neveu, Jean André, Jean Antoine
Roman, Martel, Felix André, son fils, Jean Anthoine Barou, Jean
Baptiste Galobin, son fils, François Coulomp, Alexis Colomp son
frere, Pierre Delaups, Jean André Gombert, Blaise Giraud, Bibard,
Lieutard, Bucelle, Mathieu Escuyer
Menuisiers
Guilhaud,
Guilhaume Damel, son fils, Jean François Oeuf, son fils, Anthoine
Fournier sculpteur, Berard, Amene et Abrachy.
(au
dos du document on peut lire en bas de page :
27
Tardieu
& "xxxx" Guibon)
Les
menuisiers et les maçons étaient désignés comme pompiers car ils
connaissaient la construction et ainsi les risques encourus par la
fragilisation d'une structure en feu, donc d'attaquer le feu par le
bon bout. D'autre part souvent des madriers étaient nécessaires à
la retenue des murs quand l'incendie était éteint. Les maçons et
menuisiers étaient ensuite sollicités soit pour démolir la ruine
soit pour remonter l'édifice. Le bien publique exigeait d'éteindre
l'incendie sous peine que celui-ci ne s'étende, y compris à leur
domicile et atelier.
A
Paris sous Napoléon Bonaparte les sapeurs pompiers étaient recrutés
exclusivement parmi les métiers de maçon,
charpentier, couvreur, plombier ou ferblantier, menuisier, sellier ou
cordonnier. Les selliers ou cordonniers probablement pour réparer les seaux qui
étaient en cuir !
Voici un extrait d'une lettre de Gap reçue par le conseil municipal de l'époque :
Voici un extrait d'une lettre de Gap reçue par le conseil municipal de l'époque :
Messieurs
Les
sceaux de cuir qui sont dans notre hôtel de ville pour servir au cas
d'incendie avaient été faits par le nommé Claude Gerin qui étoit
cavalier en la marechaussée : Depuis lors ce Gerin a obtenû les
invalides, et nous croyons qu'il est actuellement retiré à Perne
dans le comtât venaissin ; il n'est aucun autre ouvrier dans notre
ville que nous connoissions etre en etat de faire de pareils sceaux,
ainsi, si vous voulés en avoir, il sera necessaire de vous adresser
à ce Gerin qui avoit très bien reussi pour nous : à l'égard du
prix ces sceaux ont coutés la somme de 7# 10s piece, ainsi que nous
l'avons veriffié dans le bail qui fut passé à ce sujet : voilà
les instructions que nous pouvons vous fournir conformement à la
lettre dont vous nous avés honnoré, en toute autre occasion qui
pourroit se présenter nous tacherons de vous prouver la
consideration très parfaite avec laquelle nous avons l'honneur
d'etre.
Messieurs,
vos
très humbles et très obéissants serviteurs, les consuls de la
ville de Gap.
Gap,
le 12 avril 1762
(Archives
de Sisteron : DD 242)
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre commentaire. Il sera soumis au modérateur avant sa publication. Soyez patient !
L'administrateur.