Place de la voiture ou place à vivre
La voiture est encore
pour l'instant le mode de transport individuel le plus prisé des
démocraties.
Car ce sont bien des
démocraties qui ont permis l'individualisation des transports tout
autant que l'accès à la propriété privée pour le plus grand
nombre. L'intérieur de la voiture étant d'ailleurs associé à un
espace privé.
De l'idéal qui supprime
la place de la voiture dans les centres urbains, à la liberté de
stationnement, il y a le parking qui réglemente et ordonnance le
stationnement. Le parking occupe logiquement de l'espace urbain dans
la majorité des cas. Il existe bien des parkings souterrains là où
sa nécessité est absolue comme des centres commerciaux ou des
centres villes à forte densité commerciale mais à faible espace
publique.
Le phénomène voiture a
pris de l'ampleur depuis les années 60. L'éclatement des villes a
suivi cette courbe de la même façon que la mobilité s'accroissait.
La voiture est devenue le moyen de transport vers le centre ville
depuis la campagne urbanisée lié à l'accès à la propriété. Si
l'habitation s'est éloignée du centre ville, les postes de travail
sont majoritairement restés au centre, dans un premier temps. Le plus
flagrant étant les administrations, mairie, écoles, etc... Le
centre ville est resté le centre administratif des administrés, que
ce soit pour les employés ou les utilisateurs. Poursuivant sa
conquête de liberté et d'individualisme, la voiture a réclamé ses
chemins sous forme de routes mieux aménagées et ses autoroutes.
Ces aménagements fuient de manière logique les centres urbains, surtout anciens. Ils
restent donc les voies anciennes qui sont issues de modes de
transport moins gourmands en largeur et en qualité telles les rues
de centres anciens.
L'habitat ancien ne
possède pas d'origine un garage. De plus, la division des maisons en
appartements a augmenté le nombre de possesseurs de véhicule tout
comme le nombre de membres d'une famille qui possède un véhicule.
Et chacun possédant sa voiture, considérée comme une extension de
la propriété privée, souhaite la garer le plus près de lui, soit
dans un garage de la maison, soit sur un emplacement le plus proche
possible de son domicile. Voilà le problème posé aux habitants des
centres anciens face aux utilisateurs temporaires de ces centres, que
ce soit des touristes ou des utilisateurs des services et commerces
installés dans les centres urbains. On peut diviser donc en deux
groupes les voitures qui sont à un certain moment dans le centre
urbain, le premier, le groupe des habitants, et le second, le groupe
des visiteurs. Une première question se pose alors : doit-on
favoriser un groupe par rapport à l'autre ? Dans des grandes
villes comme Londres, une taxe spéciale est demandée aux visiteurs.
Dans d'autres villes comme Bruxelles, une carte de riverain est
vendue pour qu'un véhicule puisse stationner dans la rue ou un
périmètre défini autour de son domicile, cela concerne le groupe
des habitants de certains quartiers.
A Sisteron, de plus en
plus de propriétaires de maisons anciennes « sacrifient »
une partie du rez-de-chaussée à l'établissement d'un garage. Si
une place de stationnement se libère ainsi, elle a deux côtés
négatifs. Le premier est l'accès à ce garage pour un véhicule ce
qui sous-entend l'aménagement permanent d'accès aux garages, et le
second plus néfaste probablement à long terme est la perte de
caractère de la rue du centre ancien. A terme, la rue est condamnée
à se transformée par démolition et reconstruction de maisons. Il
existe des villes nouvelles qui ont favorisé le piétonnier et mis
la voiture en souterrain comme à Louvain-la-Neuve en Belgique mais
qui vieillissent mal. Des centres anciens comme il en existe partout
ont une histoire, un patrimoine et très souvent une taille humaine
(voir la hauteur des maisons), et apportent un cachet et une valeur
monnayable à l'habitat ainsi qu'une valeur touristique qui se
traduit par une activité commerciale favorable à la ville. Aujourd'hui la préoccupation est la place de la voiture sur un lieu patrimonial.
Place à privilégier.
- Place du Général de Gaulle (devant la cathédrale).
- Nombre de places de stationnement délimitées : 26 réparties en 2 x 8 et 2 x 4 et 2 places « handicap »
- Pourquoi libérer la place ? : face à la cathédrale, cette place est le lieu de rassemblement lors de mariage, baptême, communion, enterrement, c'est à dire lieu de rassemblement pour des événements religieux dans la vie de la communauté. Il est possible de réserver cette place pour ces événements en passant par le service de la mairie. Ce lieu est aussi le lieu d'hommages commémoratifs aux personnes mortes pour la France. Une statue y est dressée pour ne pas oublier l'histoire douloureuse des habitants de la ville. Cette place est également utilisée une fois par mois aux marchands de la foire et elle est aussi utilisée une semaine lors de la foire-expo de Sisteron.
Libérer cette place imposerait mieux ce bijou patrimonial dans le centre urbain, notamment au yeux des touristes mais également aux cœurs des sisteronais. D'autres part, un seul côté de la place est occupé par des habitations et des bureaux comme l'étude notariale, un cabinet d'avocat ou bien encore une société de services. Cette place constituerait un îlot d'espace libre pour y savourer la douceur du climat ainsi qu'un lieu de rencontre et de rendez-vous. Il faut malgré tout préserver l'accès aux véhicules tels les corbillards, les véhicules de santé ou de sécurité, et tenir compte de l'accès pour un camion de déménagement. Un concours suivant un cahier des charges pourrait être le moteur d'une reprise par les sisteronais de cet espace qui a connu différentes phases d'aménagement.
Voici une série de cartes postales qui montre l'évolution de la place au cours du XIXe et XXe siècle.
La carte ci-contre nous montre
intuitivement ce que serait un espace libre devant la cathédrale
alors que les alentours seraient très occupés. On remarque que les
platanes sont jeunes et dépourvus de feuilles et qui ne traînent
pas sur le sol. On remarquera l'absence d'un bâtiment important à
la droite de la Cathédrale. Pourtant il y avait en ce lieu une
chapelle des Pénitents. La
légende manuscrite de la carte (de bas en haut à droite) parle
d'église de Sisteron.
Ci-contre, on peut voir l'espace devant la cathédrale vu depuis une fenêtre d'une maison voisine. On remarquera à droite que la route du Thor n'est qu'un simple chemin élargi.
Sur la carte ci-contre on remarque l'absence de délimitation d'espace de stationnement. On peut situer l'époque vers la fin du XIXe ou début XXe siècle suivant les tenues des personnages qui animent cette photo. La légende de la carte parle de "La Place de l'église". Les arbres ont grandi et le feuillage est présent.
Sur la carte ci-contre, les platanes ont encore grandi et apparaît un imposant bâtiment à la droite de « l'église Notre-Dame» selon la légende de la carte. Ce bâtiment existe toujours et est aujourd'hui l'agence de la Banque Populaire. On voit se dessiner sur la façade de ce bâtiment le pignon en escalier.
Sur la première carte ci-dessous on voit bien que le monument aux morts est tourné vers le sud. Une Peugeot 203 apparue en 1948 est stationnée. Seul le monument aux morts constitue un îlot bien délimité. Sur la seconde carte ci-dessous, on aperçoit des véhicules et le bâtiment avec le pignon en escalier qui abrite un garage, le Garage Central. Les véhicules se garent près de la cathédrale. Une 4cv Renault nous indique qu'il s'agit d'une photo prise après 1947 et même à droite une Peugeot 203 noire qui débuta sa carrière en 1948. Le bus pourrait être un Renault R4210 de 1950 au vu des doubles vitres à l'arrière. La mode serait fin des années 40, début des années 50.
Sur la carte ci-contre on remarque les emplacements
délimités pour le stationnement des véhicules. Les véhicules
stationnés sont une Peugeot 204, un 4L Renault et une Simca Aronde
P60 produite à partir de 1958 (en rouge) mais le plus flagrant,
c'est la toiture du bâtiment de droite qui est maintenant avec un pignon classique triangulaire.
Sur la carte ci-dessous, la percée de l'avenue Paul Arène est terminée et un trottoir va de la maison à gauche de la place jusqu'à la tour de la Médisance incluse. Nous sommes en été et les panneaux qui annoncent le festival de la citadelle ornent le devant de la Tour. Les voitures devaient en ce temps passer devant le restaurant du Cours. Si aujourd'hui le passage n'est pas interdit, il faut reconnaître qu'il est agréable aux clients du restaurant de n'avoir pas en permanence des véhicules qui circulent le long de leur table. On remarquera que la chapelle de la citadelle est reconstruite. Les voitures de plus en plus nombreuses stationnent sur la place devant la Cathédrale.
Voici ci-contre une carte plus récente qui montre le rond-point pour accéder à l'allée de Verdun et à la cathédrale. Ce rond-point constitue non seulement une sécurité mais aussi permet un écoulement du trafic de manière plus fluide qu'un feu de circulation. Il est à conserver impérativement dans l'état actuel de la circulation par la route nationale.
De mon avis, la place devant la cathédrale doit être libre de tout véhicule en stationnement de manière permanente sauf pour les véhicules de sécurité, de santé ou funéraires. L'aménagement de la place devrait donc comporter une simple voie de circulation en sens giratoire et une place centrale ombragée impossible d'accès aux véhicules. Cette place comporterait simplement quelques bancs. Bien sûr les bancs n'attireraient pas que les badauds du jour mais il est possible de contrôler de manière nocturne cette place par des rondes de gendarmerie. La gêne occasionnée éventuellement par des bavards noctambules serait limitée aux quelques habitants de cette place. Si la place est ombragée, en revanche, le sol serait pavé pour éviter tant que possible les déjections d'animaux de compagnie. Les pavés seraient des galets entiers ou sectionnés, pavement traditionnel de la région avec les galets de la Durance tel que nous le montre la photo de cet andronne de Fons Redonne. Pour éviter le stationnement de véhicules, la place serait entourée de plots et de chaînes comme à la place Docteur Robert.
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